» Combats et métamorphoses d’une femme » d’Edouard Louis aux éditions du Seuil
[LITTERATURE]
Édouard Louis écrit ici son 4e roman, paru aux éditions du Seuil. Avec « Combats et métamorphoses d’une femme » le jeune auteur s’empare du thème de la mère, celle qui lui a fait honte tant de fois parce qu’elle parlait fort, mal, ne connaissait pas les bons mots, s’était mise malgré elle au service de son père, un homme humiliant et dépourvu de rêves.
Nous sommes dans le nord de la France, là où la misère fait partie intégrante des histoires de famille, souvent broyées par la violence, l’alcool, le manque d’éducation…
Un jour, Édouard Louis trouve une photo de sa mère, prise par elle, à l’aube de ses 20 ans. Un visage souriant, lumineux, faisant face à la vie. Il réalise que sa mère n’a pas toujours été cette femme triste, résignée, comme prisonnière à la fois de sa maison, de sa famille, de sa condition de femme au foyer, incapable de provoquer un éventuel changement. Elle avait dû imaginer de belles choses, l’amour, qui s’use un peu moins vite, l’amitié, qui peut rendre plus forte, les sorties… la vie ! Au lieu de cela, deux mariages, rapidement transformés en affrontements et cinq enfants que le milieu social n’a pas épargnés.
L’auteur, en décalage avec ce monde brutal qui le rejette à cause de son homosexualité, s’en extirpe et devient l’écrivain engagé que l’on connaît. Cela aura forcément participé aux combats et aux métamorphoses de sa mère, qui après de nombreuses années à subir, a fini par refuser la fatalité d’être une femme, et plus dramatique encore, une femme pauvre.
J’ai lu ce livre comme une déclaration d’amour d’un fils à sa mère, d’un fils écrivain surtout, qui se sent comme obligé de revenir sur leur passé, quand il était mal à l’aise à ses côtés. Aujourd’hui, on a l’impression qu’ils se comprennent enfin et partagent des moments de vie agréables. En lisant ces 117 pages, vous saurez comment ils y sont parvenus !
Belle lecture !