» L’enfant travesti » de Jean-Luc Seigle aux éditions Flammarion
[LITTERATURE]
En 1960, Jean a 5 ans. Dans cette maison « sur la place », dans un village d’Auvergne, il vit avec 3 générations de femmes. Sa mère, en visite le week-end et qui s’obstine à l’habiller en petite fille modèle, sa grand-mère ancienne militante communiste et grande amoureuse des livres et son arrière-grand-mère, alitée et absente. Quant aux hommes, son père militaire est en Algérie, son grand-père est au jardin et son grand-oncle, mort au Chemin des Dames, est dans un cadre photo, lui-même habillé « en fille ».
Comment le petit Jean grandira-t-il ainsi entouré ?
« Alors que tout nous appelle à grandir, nous ressentons dans notre corps encore sans objet une chute vertigineuse qui nous enseigne que l’enfance est une défaite. Devenir adulte, c’est transformer cette défaite en victoire. »
Jean-Luc Seigle, décédé en mars 2020, laisse inachevée une trilogie intitulée « La beauté des femmes ». Un titre opportun tant sont extraordinaires ces portraits de femmes, toutes menant leur vie à leur guise, affranchies du regard des autres. Ce pourrait être une chronique du quotidien au coeur des années 60, mais comme à son habitude, JL Seigle transcende l’ordinaire, le percute à l’insolite et y insuffle sa sensibilité, sa tendresse et sa poésie.