» Mike » d’Emmanuel Guibert aux éditions Gallimard
[RECIT]
Que peut-il y avoir de commun entre le dialogue incongru d’un balayeur avec un smartphone en « beurnaoute » complet en BD, et le poignant récit de l’impossible adieu à un ami qui se sait condamné par la maladie ? Un auteur, une sensibilité. Une certaine idée de l’amitié, une forme de nostalgie, un regard lucide, tendre et courageux sur l’absurdité de nos existences.
Cet auteur, c’est Emmanuel Guibert, celui aussi de la Guerre d’Alan et d’Ariol, pour les enfants. C’est dire l’étendue de sa palette… et pourtant sa patte est reconnaissable, son art de cueillir avec finesse et doigté les petites choses de la vie, d’inventer son langage pour dire le réel avec poésie, fantaisie et profondeur, inimitable. C’est cette justesse, ce don de s’arrêter sur ce qui compte vraiment, de capturer l’essence des situations que l’on retrouve dans ses deux œuvres du moment, l’une tonalité humour (jubilatoire) au dessin minimaliste, l’autre sur le fil d’une émotion (bouleversante) sans le recours au dessin du tout, et qui en parle pourtant merveilleusement. « Dessiner n’est pas tant accumuler des carnets sur une étagère que s’incorporer le monde et en être toujours occupé. »