• « Nowhere girl » de Magalie Le Huche

    « Nowhere girl » de Magalie Le Huche

    nowhere girl
    coup de coeur librairie saint lys

     » Nowhere Girl  » de Magali Le Huche aux éditions Dargaud

    [BANDE DESSINEE] 

    Dans Nowhere girl, magalie Le Huche porte un regard empli d’autodérision et de tendresse sur l’entrée dans l’adolescence de la jeune fille qu’elle a été. Le « nowhere land » dans lequel la Magali de 11 ans met les pieds, c’est le collège, cet univers austère où il est de bon ton de ne plus jouer à la récré, où ses bonnes intentions d’élève soucieuse de bien faire ne suffisent pas face aux lubies incompréhensibles et arbitraires des profs, où sa grande sœur chérie, qui est déjà passée par là, n’est plus présente pour la guider. C’est beaucoup à porter pour Magali qui s’enfonce peu à peu dans une véritable phobie scolaire – un diagnostic qui justifie qu’elle soit déscolarisée. Mais ce qui va l’aider à traverser cette période de bouleversements majeurs et à reprendre pied, c’est son amour absolu, obsessionnel et inconditionnel pour les Beatles, le meilleur groupe du monde entier et de tous les temps (en toute objectivité bien sûr).

    C’est là que Magali le Huche révèle la puissance de son expression graphique : la douce monochromie du quotidien laisse place à des explosions de couleurs tranchées, vives et acidulées dès lors que John, Paul, George et Ringo sont de la partie. Ces échappées psychédéliques donnent la mesure de l’importance que vont prendre dans sa vie ces figures tutélaires, tantôt doux géants, tantôt discrets confidents qui lui ouvrent grand le refuge de leur sous-marin jaune et de leur univers fascinant et bigarré. Par ce procédé, l’autrice rend sensible combien ces personnages réels ou imaginaires (ou un peu des deux) qu’on érige en totems protecteurs à l’adolescence peuvent être salvateurs, et nous permettre de négocier les vicissitudes de la « vraie vie ». On y voit aussi comme les disciplines créatives dialoguent parfois ensemble au diapason d’une sensibilité particulière et comment une passion, cultivée avec enthousiasme sans qu’on sache toujours ce qu’elle fait vibrer au juste en nous, peut contribuer à l’éclosion d’un talent et d’une vocation artistique.

    Une réussite !