» Station Eleven » de Emily St. John Mandel aux éditions Le livre de poche
[ROMAN D’ANTICIPATION]
Vous reprendrez bien un peu de post-apo ?
Alors, certes, les histoires dans lesquelles la civilisation s’effondre suite à une grippe foudroyante ont, ces derniers temps, une saveur particulière. Parmi eux, Station Eleven se taille une place de choix. La phrase du sous-titre, « parce que survivre ne suffit pas », tatouée sur l’avant-bras d’une des héroïnes, annonce la couleur : aucune complaisance pour le « trash » ou l’angoisse dans ce roman à l’écriture fluide et immersive. Mais des destinées qui se croisent et se répondent, des sauts dans le temps, avant/après, qui viennent éclairer leurs trajectoires en préservant des zones d’ombre, des vies, celles d’artistes itinérants qui ne renoncent pas à jouer Shakespeare dans un territoire en proie aux mirages d’une secte obscurantiste, celles d’orphelins déboussolés, de stars de cinéma ou de paparazzi reconvertis, des vies reliées par le fil rouge d’une certaine représentation du Roi Lear et d’une curieuse bande dessinée de SF à tirage limité…
En somme, un roman choral impossible à lâcher, empli de mélancolie et d’espoir, assorti d’une belle réflexion sur ce qui fait notre humanité.